Square Jean Jaurès, une tonte raisonnée
En remplacement de la tonte intensive de toutes les surfaces enherbées, la charte locale de l’environnement introduit la notion de gestion différenciée : chaque espace vert – considéré en tant qu’écosystème - est géré de manière différenciée, spécifique, nuancée. Cela implique que certains espaces, moins fréquentés ou intéressants sur un plan écologique, ne soient tondus que très occasionnellement. Au sein de ces espaces le gazon laisse la place à un milieu de type prairial plus « sauvage » et plus propice au renforcement de la biodiversité commune. Il ne s’agit en aucun cas de « laisser à l’abandon » mais au contraire de gérer plus finement cet espace en adoptant un rythme de gestion plus proche de celui de la nature.
La gestion différenciée permet notamment de :
- Favoriser des refuges pour la biodiversité et diversifier les habitats. En effet, les prairies abritent de nombreuses espèces animales, notamment les auxiliaires du jardinier (une aide précieuse à lutter contre les ravageurs). Dans ces milieux la diversité végétale est plus importante. Des plantes de familles, de genres et d'espèces différentes (protégées pour certaines) cohabitent et se répartissent naturellement l’espace. A l’inverse le caractère quasi mono-spécifique (très peu d’espèces végétales) d’un gazon n’est pas vecteur de renforcement de la biodiversité animale.
- Offrir un accès facilité à l'eau pour les arbres et arbustes. Les inflorescences et les tiges des graminées captent l'humidité de l'air, qui redescend sous forme de gouttelettes jusqu'au sol. Cette eau pénètre au niveau des racines et ce même pendant des étés très chauds et secs.
- Limiter l'érosion des sols. La prairie permet à chaque type de plante qui la compose de développer son réseau racinaire. L'eau de pluie s'infiltre mieux dans le sol. Tandis que le gazon expose les sols à la battance de la pluie et à l'érosion.
- Constituer une source de nourriture. Les tontes répétées sont très énergivores et entraînent la disparition de fleurs sauvages. C'est une perte importante de nourriture pour de nombreux insectes, alors qu'une limitation de la tonte favorise le maintien des populations d’insectes et permet de maintenir une alimentation satisfaisante des pollinisateurs. Les pollinisateurs et les ravageurs étant eux-mêmes une source de nourriture pour leurs prédateurs (oiseaux, chauve-souris, etc.)
- Réduire son impact environnemental. Une prairie stocke le CO² lorsque le gazon, du fait des tontes régulières, le relâche. Les herbes hautes protègent le sol et ceux qui y vivent des rayons directs du soleil. Tandis que le gazon tondu court l'expose aux rayons UV.
Un couvert végétal plus haut et plus dense permet également la limitation des phénomènes de ruissellement et de lessivage des sols, déjà très pauvres en milieu urbain. Les termes d’ingénierie du paysage et de génie écologique prennent alors tout leur sens.